Melanges des super pouvoirs et de la confusion totale. Que se passe-passe-t-il dans le Kivu?
Il y a quelques jours on lit un tweet commentaire sur le Sommet du G7 en Asie. Quelques chefs des quatre coins du monde s'expriment maladroitement à propos des événements qui se passent dans la région du Kivu congolais. Ils ont mentionné que le Rwanda devrait se retirer de la région, en arrêtant l'aide au mouvement du 23 Mars. Ils gardent espoir dans le processus de paix en cours à Luanda et Nairobi. Entre temps, plusieurs partis de l'opposition ont été refusés de manifester pacifiquement à Kinshasa. Les Américains ne semblent pas être dérangés du fait que les pourparlers de paix Luanda et Nairobi ne fournissent, jusqu'à présent, aucune solution durable, juste parce que Kinshasa refuse toujours de dialoguer avec les rebelles. Et ceci révèle carrément la réticence et l'incapacité des Américains de bien comprendre ce qui se passe exactement en RDC. Il est également vrai que beaucoup de brouillard allant pour couvrir la politique incohérente du président Tshisekedi est faite par sa machine propagandiste dirigée par Patrick Muyaya. Le président a deux choses sur lesquelles s’inquiéter : les élections à venir avec la possibilité qu'il ne sera pas réélu et le fait que son armée ait été vaincu mainte fois par le M23, beaucoup plus petit. Le M23 contrôle les aspects militaires de cette querelle, mais il est extrêmement dépassé lorsqu'il s'agit d'une attention médiatique positive et de questions politiques.
Il devint encore plus problématique de bien suivre et comprendre ce qui se passe réellement dans cette région, après qu'il soit devenu clair que Tshisekedi veut se débarrasser de la force militaire de l'EAC et qu'il veut les remplacer avec des forces à grand faim comme les Sud-Africains, les forces de l'Angola et ceux de la Namibie unis dans le SADC.
Cette semaine, les FARDC et leurs alliés FDLR et Nyatura ont également essayé de provoquer le M23 en passant, tout en bombardant et tirant dans les villages libérés par le M23. Les forces burundaises, qui sont censées empêcher cela, n’ont même pas réagi à ces attaques. Nos sources sur place nous disent qu'ils essaient de faire cela pour tirer le M23 dans un combat ouvert qui forcerait probablement les forces de l'EAC à y prendre part. Ajoutez à cela les 3 drones d'attaque chinoise qui seront stationnés à l'aéroport de Kavumu, pas loin de Bukavu, et voilà, la scène est complète. Nous avons confronté nos contacts avec ce dilemme et nous essaierons de résumer leurs réponses.
Le M23 n'est pas d'accord avec l` éventuel déploiement militaire de la SADC dans la région. Nous nous sommes entretenus avec deux de leurs commandants : « L'Angola et, indirectement, l'Afrique du Sud ont participé antérieurement à plusieurs négociations au cours desquelles le déploiement des forces de l`EAC a été établi. Certaines de ces discussions ont été organisées à Luanda, la capitale de l'Angola. Maintenant ils avancent un concept totalement nouveau pour envoyer des soldats de la SADC en première ligne. Il faut juste noter que c'est inacceptable pour nous et que nous n'accepterons jamais de coopérer. »
Un autre commandant : « Kinshasa refuse le dialogue avec nous et nous ne sommes même pas invités dans les réunions de processus de paix menés par l`EAC. Pourtant, nous avons montré notre bonne volonté nous retirant des certaines de nos positions. Cela a relativement bien fonctionné dans les secteurs sous contrôle des armées kényane et ougandaise, mais les FARDC et les FDLR progressent à nouveau dans le secteur sous contrôle burundais. Nous sommes incessamment provoqués : ils volent et tuent les vaches de la population tutsi ; ils tuent nos civils. Ils le font sous le nez des troupes burundaises dont beaucoup sont des Imbonerakure (milices hutu burundaises radicales) ou même des ex-FDLR. Nous savons très clairement qu`ils essaient de nous attirer dans un combat ouvert avec les Burundais afin qu'ils puissent dire que nous avons attaqué les forces de l`EAC. Nous ne tomberons jamais dans leur appât ! Nos contacts civils à Karenga-Masisi, nous ont dit que les FARDC et les FDLR s'étaient installées dans leur village en lançant des grenades et en leur tirant dessus. « Ils ont pillé des vaches laissant quelques-unes avec des blessures grièvement ouvertes par balles. L'armée burundaise ne bouge un doigt à ces faits se passant sous son nez. »
L'un des commandants du M23 a ajouté que ses hommes observaient de près les mouvements de l'ennemi : « Nous avons renforcé nos positions autour des zones que nous avons laissées aux mains des troupes de l`EAC. Nous attendons tout simplement l`ordre d'attaquer les intrus des FARDC. »
Tshisekedi semble avoir été bloqué par les Américains dans ses magouilles d`embaucher plus de mercenaires. Il serait en combine avec quelques Sheikh aux Émirats Arabes Unis pour le faire. Nous n'en sommes pas vraiment sûrs, mais au Congo, la vérité est difficile à se cacher.
À propos du déploiement possible de drones d'attaque chinois à Kavumu, nos contacts avec le M23 sont très brefs : « Nous ne pouvons pas permettre aux FARDC de faire des ravages avec ces drones chinois. Nous savons que 3 drones seront déployés très prochainement à Kavumu. Ces drones peuvent rester dans les airs pendant de nombreuses heures, ils volent très haut et ils peuvent lancer des roquettes et larguer des bombes lourdes. En Éthiopie, ces machines à tuer ont causé beaucoup de dégâts, et leur déploiement à Kavumu entraînera également le Sud-Kivu dans ce conflit. Dans ce cas, neutraliser et détruire la piste d'atterrissage de Kavumu sera l'une de nos options. Le même sort est réservé pour l'aéroport de Goma. Il serait facile pour nous de bloquer celui-là aussi. Ces drones d'attaque offensifs peuvent également devenir des outils dangereux dans les mains des politiciens irresponsables et enragés de pouvoir et de l'armée. Il suffit juste qu`un seul soit assez fou pour donner l'ordre d'attaquer les Rwandais au Rwanda pour causer un chaos total. Mais dans ce cas-là, je ne pense pas que les Forces de la Défense Rwandaise resteraient immobiles à cet acte. Ils obtiendraient un argument plus que valable pour corriger la situation.
Entre-temps, la confusion sur ce qui pourrait arriver reste totale. Un chercheur, très bien informé, qui veut rester anonyme nous dit que la situation n'a jamais été aussi confuse qu'aujourd'hui : « c'est probablement le but de leur stratégie. Ils veulent faire des ravages et attirer le M23 dans un combat avec la MONUSCO ou avec l'EAC. Mais leur planification est faible et se contredit : ils veulent que les forces de l'EAC se retirent de la région au mois de Juin, mais la SADC ne pourra jamais être déployée avant fin Juillet ou début Août. Et il n'est même pas sûr qu'ils se déploieront...
A ce moment-là, Tshisekedi devrait rebâtir son espoir sur les FARDC, un groupe de mercenaires et de milices hutu et radicales telles que les FDLR.
Une source fiable au ministère de la Défense à Kinshasa confirme qu'il s'agit, en effet, d'un grand dilemme : « Jean-Pierre Bemba, le ministre de la Défense, a averti son personnel que si le M23 attaquait dans la soi-disant période grise entre le départ des forces de l'EAC et l'arrivée de nouvelles troupes étrangères, ils pourraient entrer à Goma sans beaucoup de résistance et bloquer les aéroports de Kavumu et de Goma. Bemba craint que le président ne le pousse à émettre des ordres stupides qui pourraient nuire à sa carrière à l'avenir. Et si la SADC n'envoie qu'une force symbolique, le résultat pour Kinshasa pourrait même s'aggraver. »
Presque tous les observateurs, commandants et diplomates à qui nous avons parlé se sont mis d'accord sur une chose : le fait que Tshisekedi pourrait utiliser ce chaos comme prétexte pour reporter les élections. Un diplomate étranger basé à Kinshasa a été très clair : « Le gars a deux options. Mais le premier dans lequel il espérait gagner la guerre avant les élections et utiliser cette victoire pour renforcer son prestige s'évapore sous ses yeux. Cela ne lui laisse que la possibilité de créer tant de chaos pour que les élections deviennent impossibles. Regardez également ce qui se passe dans le reste du pays : il sévit contre l'opposition et, Kinshasa est menacée par des groupes armés de Kwamouth et de Bandundu. Les jeunes de son propre parti politique, l'UDPS, embauchent des gangs de rue locaux à Kinshasa (Kuluna) pour intimider l'opposition. N'oublions pas non plus que toute la débâcle ADF-Nalu est toujours en cours, que des milices telles que le CODECO continuent de tuer et semer la pagaille, et que le Sud-Kivu pourrait encore prendre feu, à tout moment. Le Congo est devenu une poudrière ».
La récente annonce américaine sur la situation en RDC, lors du sommet du G7, en Asie, a clairement montré que de nombreuses puissances étrangères n'ont pas assez bien compris ce qui se joue réellement là-bas. Mais ils pourraient aussi jouer un jeu : le récit selon lequel le Rwanda devrait retirer ses troupes des Kivu, cesser d'aider le M23 et forcer cette organisation à se retirer sur les volcans est complètement à côté de la question et un exemple scolaire pour un vœu pieux facile. Et cela montre aussi l'hypocrisie de la communauté internationale. En répétant cet argument, ils permettent au gouvernement congolais de créer encore plus de chaos. Au lieu de conseiller Tshisekedi et ses alliés de négocier directement avec le M23, ils mettent plus d'huile sur le feu avec ces clichés. La plupart des diplomates, des chercheurs et journalistes bien informés qui nous contactent savent exactement ce qui se passe, mais ils ont peur de dire la vérité pour éviter d'être expulsés du pays. Un bon exemple de cela est l'histoire de Kishishe : beau nombre d'entre eux nous disent que nos conclusions étaient relativement correctes, mais aucun d'entre eux n'a eu le courage de dire au gouvernement congolais que leur projet de propagande avait raté sa cible. Si Patrick Muyaya, le criminel de l'information le plus notoire sur le bloc, aurait la possibilité de conduire dans Kishishe, avec deux bulldozers, creuser de très grands trous et recueillir les dépouilles des villageois malades, dans d'autres cimetières à proximité, pour créer de nouvelles fosses communes, il serait probablement capable d`aller beaucoup plus loin que ça, juste pour pouvoir inviter les gens de l'AFP et toute une armée de selfies Micombero, vêtus de gilets pare-balles et de casques coûteux, ressemblant à des schtroumpfs de presse, pour pouvoir accuser le Rwanda et le M23 de massacres.
L'attitude des Américains et d'autres puissances extérieures montre clairement que les problèmes en RDC ne sont pas une priorité pour eux. Tant que ses minéraux continuent de couler vers le nord, ils ne sont pas prêts à faire face aux véritables causes de ce conflit violent. Ils ont tort et beaucoup de gens le savent déjà. Chaque jour, ils reçoivent des dizaines de rapports qui contredisent le moulin de propagande de Kinshasa, mais ils n'ont pas le courage de les utiliser.
Au moment où vous lisez cela, Kinshasa peut être dans le chaos à cause des manifestations de rue, les dirigeants de l'opposition pourraient être jetés en prison ou Gisenyi pourrait être bombardé. Les choses peuvent changer en quelques minutes au Congo et l'imagination des politiciens et des militaires qui tirent les ficelles pour provoquer le chaos est vibrante. Au lieu d'envoyer des signaux contradictoires qui alimentent cette confusion, la communauté internationale devrait réagir de manière plus appropriée. Plusieurs faits sont présents pour le prouver. Nier cela est un acte de lâcheté.
Adeline Umutoni et Marc Hoogsteyns